J’aime un condamné à perpétuité américain – Julia Bailey
Rédigé le 11 mai 2016
Premières phrases :
Reggie va mourir. Dans quelques minutes, ils vont le tuer ! Aujourd’hui, après toutes ces années, je peux encore et toujours ressentir cette angoisse qui m’a accompagnée toute la journée ce terrible jeudi de janvier 2009. Une angoisse probablement en tous points semblable à celle qui doit nous envahir quand la mort s’approche de nous et semble murmurer : « je t’attends ».
Pourquoi ce livre :
Avril a été pour moi une vraie galère niveau lecture ! Trop de choses en tête pour me concentrer sur un livre. La solution dans une telle situation est de choisir un livre « doudou » : personnellement, j’ai opté pour de la non-fiction, un thème que j’affectionne beaucoup. Étrangement, c’est un livre assez dur qui m’a fait sortir de cette impasse livresque. Ce livre, c’est « J’aime un condamné à perpétuité américain » des éditions Jourdan PIXL qui propose des témoignages au format poche. Un livre qui m’a intriguée quand je l’ai découvert et que j’avais très envie de lire.
Ce fut a priori un bon choix, car je l’ai lu pratiquement d’une traite.
Pas facile de vous parler de ce livre sans entrer trop dans les détails : j’avais énormément de choses à dire sur celui-ci, à tel point que le premier jet de ma chronique faisait 2 pages, je l’ai donc raccourcie.
Si vous voulez en savoir plus, je vous conseille de le lire. Dans ce témoignage, Julia Marie Beiley nous raconte le combat qu’elle mène depuis son adolescence contre l’abolition de la peine de mort. En parallèle, elle est visiteuse de prisons et correspond avec des détenus condamnés à mort. Elle leur rend visite sur place plusieurs fois par an.
Dans ce livre, elle met en lumière les aberrations du système pénitentiaire américain, les maltraitances dont sont victimes les détenus de la part du personnel de prison, les actes de racismes qu’elle subit aussi elle-même – étant une blanche qui rend visite à des noirs !
Dans ces prisons du sud des Etats Unis (de la ceinture biblique comme elle dit), une grande majorité des prisonniers sont afro-américains, à croire que dans ces états, le fait d’être noir constitue déjà un crime en soi.
Et puis, la peine de mort, quelle chose horrible tout de même! Surtout quand on apprend que beaucoup d’innocents meurent pour rien ! Un prisonnier condamné à la peine capitale n’a aucun recours ( même un test ADN qui prouverait son innocence lui est refusé à partir du moment où la peine est tombée.)
Elle nous raconte l’histoire de l’un de ses correspondants, accusé à tort, auquel on reculait, sans arrêt, la date de son exécution au dernier moment, jusqu’à ce qu’il craque et avoue le crime qu’il n’a pas commis, juste pour que tout cela s’arrête. Du jour où il a avoué, sa peine s’est transformée en perpétuité. Allez comprendre…
Je vais vous passer les détails de la mise à mort mais j’ai appris que l’injection létale était la pire des pires solutions, tellement horrible qu’il était (à l’époque) question de potentiellement remettre en route les pelotons d’exécution – ce qui serait beaucoup plus rapide et digne – pour tuer des gens !
Julia Marie Beiley est contre la peine capitale car comme elle l’écrit, non seulement des innocents sont tués pour rien, mais pour les coupables, c’est une peine ‘ trop facile’. Il meurt et basta ( si je puis dire) : ne serait-ce pas plus dur pour eux de croupir à vie entre quatre murs ? Au moins, il aurait tout le loisir de regretter.
En 2009, alors qu’elle avait décidé d’arrêter ses allers-retours avec les prisons du Texas, une lettre va changer sa vie. Elle fait la connaissance de Tyree, un condamné à perpétuité, droit et intelligent. Lui aussi condamné pour rien (la personne qui l’a accusé a écrit une lettre pour avouer son mensonge… ). Tous les deux tombent amoureux et depuis, ils vivent leur histoire à distance, au travers de lettres et d’email. Julia lui rend visite dès qu’elle en a le droit, car les visites aussi sont réglementées.
Ce témoignage est à la fois : intéressant, touchant, aberrant … Un livre passionnant, malgré le sujet, que je ne regrette pas d’avoir lu.
L’auteure : Depuis dix-sept ans, Julia Marie Beiley se rend plusieurs fois par an dans les couloirs de la mort du sud des États-Unis. Elle donne régulièrement des conférences sur la peine de mort et fait des exposés dans les athénées et lycées. Elle se bat depuis toujours pour l’abolition de la peine de mort et dénonce la maltraitance dans les pénitenciers américains.
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Je crois avoir entendu parler de l’auteur… Tu sais, ce genre de lecture, je sais que c’est TB, merci d’en parler. mais ça me secouerait trop et me ferait hurler de rage, c’est sûr! Si je le vois en bibli, je pourrais tenter car c’est à savoir, oui, je sais.
Je ne la connaissais pas du tout, mais c’est vrai qu’elle est quelques fois médiatisée pour son combat. C’est un livre vraiment intéressant sans être trop militant, elle met surtout l’accent sur ses correspondants outre-Atlantique. C’est admirable les gens qui passent leur vie à défendre leur conviction.
Ouf ! Un sujet très dur mais qui doit être abordé.
c’est vrai que c’est un sujet assez dure. Le livre est très bien écrit car on n’est ni dans le pathos ni dans L’excès.