Jesse le héros de Lawrence Millman
Rédigé le 16 avril 2018
Premières phrases
Son anniversaire tombait le jour de la marmotte, son étoile était Vénus, et bien qu’on lui donnât pas mal de noms qui n’étaient pas le sien, il ne répondait qu’au nom de Jesse. Vous l’appeliez Jesse et il arrivait en courant ? Les gosses devaient avoir envie qu’il se barre le plus loin possible d’eux. Ils l’appelaient le Fêlé, Tête de chou ou juste l’Andouille. L’Andouille, l’Andouille, tiens v’là l’Andouille ! Ils lui disaient que c’était dommage qu’il n’ait pas de queue. S’il avait eu une queue, ils auraient pu y accrocher des boites de conserve et il aurait détalé dans les rues en faisant un raffut d’enfer, avec eux à ses trousses.
Pourquoi ce livre
Le sujet me tente énormément (comme je vous l’ai déjà dit lors de ma lecture de « la mort du petit cœur »), la quatrième de couverture nous dit que ce livre est un chef-d’œuvre du noir enfin extirpé de l’oubli. Forcément que cela excite ma curiosité, alors quand Léa du groupe FB PicaboRiverBookClub et les éditions Somatine ont proposé cet ouvrage en partenariat, j’étais plus que ravie de pouvoir le découvrir.
Ici, nous allons faire la connaissance de Jesse, un ado passionné – obsédé même – par la guerre du Vietnam. Une guerre qu’est parti faire son grand frère, Jeff. Jesse vit chez son père et n’a qu’une envie, c’est que son grand frère, qu’il idolâtre, rentre en permission. Mais l’adolescent a un comportement très inquiétant, il est très perturbé par la guerre et par la découverte de l’amour charnel. Le retour de Jeff va être le début d’une escalade de violence impressionnante.
Voila un livre que j’ai dévoré: dès les premières lignes, j’ai été happée par l’histoire de Jesse qui, malgré son extrême noirceur, m’a profondément touchée. Cet ado qui souffre de déficience intellectuelle n’a que deux choses en tête : découvrir l’anatomie des filles et aller au Viêt Nam « tuer des bridés ». Pour lui, c’est la meilleure distraction possible, il est tellement soumis aux images de la guerre qui tournent en boucle à la télé. D’ailleurs il n’en rate pas une, dès fois qu’il y verrait son frère.
Jesse veut aller faire la guerre et «baiser»; paradoxalement, il croit toujours que ce sont les cigognes qui apportent les bébés par la cheminée.
Le personnage du père aussi m’a beaucoup touchée, car il est désarmé devant le comportement de son fils. Il fait vraiment tout ce qu’il peut pour bien s’en occuper, même quand tout le monde lui dit qu’il devrait l’envoyer dans un foyer spécialisé, il n’arrive pas à s’y résoudre. Il ne veut que le bien de son fils.
Le détachement que montre Jesse devant les actes qu’il commet est effrayant.
L’écriture de Lawrence Millman est assez simple (on est perspicace. Le fait d’être dans la tête du personnage donne une dimension «réelle» au récit. C’est terrifiant.
La fin du récit nous fait nous poser énormément de questions : comment cela va-t-il se terminer ? Et nous, qu’aurions-nous fait ?
Par contre, certains mots m’ont dérangée (sûrement dû à la traduction). Comme «Daron» par exemple (je déteste ce mot) je ne suis pas certaine qu’un ado «attardé» emploiera ce mot, ensuite quand nous n’étions pas dans la tête de Jesse, c’est le mot «enfant» qui était employé, Jesse n’est pas un enfant ! Des broutilles qui m’ont agacée pendant ma lecture.
Jesse le Héros est un roman noir hypnotique, à découvrir d’urgence.
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