Revenu des ténèbres de Kouamé
Rédigé le 7 mai 2018
Premières phrases
Mon père était un homme très gentil, il faisait tous les jours des blagues à la maison. Des petites blagues, des trucs pas vrais. J’aimerais pouvoir oublier, mais je me rappelle de tout. J’aimerais pouvoir ne plus penser à mes parents, c’est trop douloureux, mais je n’y arrive pas. Mon père avait les mots pour que ma mère soit heureuse, pour que ma mère rigole et que nous aussi, les enfants, on rigole.
Pourquoi ce livre
Je suis tombée par hasard sur ce livre, je ne cherchais pas spécialement à lire quelque chose sur le sujet, mais le fait que cela soit l’histoire d’un ado de 14 ans m’a interpellée.
Revenu des ténèbres est le récit de Kouamé qui, à 14 ans, voit sa vie basculer dans l’horreur du jour au lendemain.
Tout allait bien pour Kouamé. Il vivait dans une famille aimante avec un certain niveau de vie, il était bon à l’école et voulait devenir prof de math. Mais, un jour, son père décide de faire de la politique et de militer ardemment pour un candidat. Malheureusement, celui-ci perd les élections et quelques mois plus tard, deux hommes armés débarquent chez lui et, sous les yeux de Kouamé, forcent sa mère à tuer son père et tuent celle-ci par la suite. Les deux hommes s’en prennent aussi à sa grande sœur en la violant. Kouamé profite d’un moment d’inattention des malfrats pour s’enfuir par la fenêtre. Pour le jeune homme, c’est le début d’une fuite qui va durer trois ans.
Au hasard de ses rencontres, il fuit vers la Lybie où on lui fait croire à l’Eldorado. Finalement, des passeurs véreux lui disent que c’est en Algérie qu’il faut aller pour du travail. Sur place, on lui promet la tranquillité au Maroc, où on lui dit que c’est en Espagne qu’il trouvera du travail !
Pendant trois ans, Kouamé va vivre l’enfer. Il va croiser la route de personnes malhonnêtes, vivre dans des camps de migrants dans la forêt à la merci de passeurs qui profitent du malheur et du désespoir des gens. Il a voyagé dans des conditions inhumaines et risqué plusieurs fois sa vie.
La description de ses déplacements en voiture avec les passeurs fait froid dans le dos, et je ne vous parle même pas de sa traversée de la Méditerranée sur un Zodiac surchargé. Ils étaient 50 dedans alors qu’il n’y avait de place que pour 20 ! Deux personnes, dont un enfant, perdront la vie durant la traversée.
Les passeurs sont vraiment des personnes inhumaines qui profitent de la détresse des gens. La vie humaine leur importe peu, il n’y a que l’argent qui compte. Le Zodiac qui est parti avant celui de Kouamé n’est pas arrivé à destination, tous les passagers sont morts. Le passeur leur a annoncé cela sans le moindre sentiment. D’ailleurs, si le bateau de Kouamé est arrivé à bon port, c’est grâce à la Croix rouge espagnole qui les a repêchés en mer, car leur Zodiac est tombé en panne et commençait à prendre l’eau.
Heureusement, dans son malheur, il croisera la route de quelques bonnes personnes qui vont l’aider.
Revenu des ténèbres est un livre très dur. Un livre coup de poing, qui fait réfléchir ! On a du mal à imaginer ce par quoi Kouamé est passé et ce qu’il a dû endurer à seulement 14 ans, il n’avait rien demandé à personne, il est devenu migrant malgré lui. Il n’avait pas le choix, c’était avancer ou mourir !
Kouamé vient d’avoir 20 ans et, avec ce livre, il a eu envie de mettre en lumière toutes ces atrocités pour faire bouger les choses.
À présent en France, il a passé avec succès un CAP de tourneur-fraiseur et a obtenu un CDI. Il rêve de devenir Français. En 2019, il paiera ses premiers impôts et il en est très fier. Aujourd’hui, il a comme projet d’ouvrir un orphelinat dans son pays.
Un témoignage bouleversant à lire absolument !
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Merci pour cette note. Mettre un visage, une histoire et un avenir à ces hommes et femmes qu’on appelle migrants nous permet de retrouver notre humanité !
Mon village est un transit de 4 mois pour des réfugiés venus de manière officielle, sélectionnés, nourris et logés, et protégés si l’on veut… mais ça ne dure que 4 mois, et après? On les lâche dans la nature sans qu’ils maîtrisent le français. Et ce sont des « privilégiés » par rapport à ceux que tu évoques. C’est un vrai problème.