Les dents lait de Hélène Bukowski
Rédigé le 16 septembre 2021
Premières phrases du livre :
Le brouillard a englouti la mer. Comme un mur, il se dresse à la lisière de la plage. Impossible de m’habituer à la vue de toute cette eau. Je ne cesse de chercher une rive opposée qui puisse me servir de repère, mais à part la mer et le ciel, il n’y a rien. Les jours de brume, même cette limite-là finit par s’estomper.
Pourquoi ce titre :
Le côté dystopique/post apocalyptique du roman m’a fortement attirée. Une histoire de gens qui vivent isolés dans la forêt, moi, il ne m’en faut pas plus pour que j’adhère. Il n’est d’ailleurs pas sans me rappeler le magnifique « Dans la forêt » de Jean, toujours aux éditions Gallmeister.
De plus, « Les dents lait » de Hélène Bukowski c’est la premiere fiction hors US que je vais lire des éditions Gallmeister. C’est leur premier roman allemand et je pense le premier que je lis aussi. Et puis l’auteure a un patronyme que j’affectionne particulièrement 🙂
Skalde est une adolescente qui vit dans la forêt avec sa mère. Elle n’a jamais vu le bleu du ciel, car leur région est en proie au brouillard et à la sécheresse depuis de nombreuses années. La communauté à laquelle elle appartient a fait sauter l’unique pont qui les reliait au reste du monde, espérant ainsi que leur autarcie volontaire les protègera du chaos. Mais un jour Skalde découvre dans la clairière près de chez elle une enfant à la chevelure rouge feu. D’où vient-elle ? Comment a-t-elle pu arriver jusqu’ici ? Consciente de sa transgression, l’adolescente recueille la petite fille, sous le regard méfiant de sa mère Édith. Car les deux femmes ne se sont jamais vraiment intégrées à cette communauté pétrie de peurs et de superstitions.
« Les dents lait » de Hélène Bukowski est un livre avec une atmosphère bien particulière. L’histoire nous est racontée par Skalde, une adolescente qui aime écrire et qui a du mal à comprendre les règles qu’on lui impose. Pourquoi cette communauté est-elle aussi superstitieuse et peureuse au point de s’en prendre à une petite fille, car elle est rousse ? Pourquoi serait elle un danger pour le village ? Skalde ne le comprend pas. Le climat est devenu invivable en dehors de leur petit bout de terre isolé, du moins c’est ce que les habitants disent , ils ne veulent prendre aucun risque.
L’écriture d’ Hélène Bukowski est très agréable, fluide, presque poétique. Elle a su créer dans « les dents de lait » une ambiance quasi onirique. Les chapitres sont courts et entraînants, les pages se tournent toutes seules.
Par contre, pour pleinement entrer et apprécier l’histoire, il faut accepter les interrogations, car au finale on ne sait rien de ce qui est arrivé. En général, je n’aime pas trop ce genre de récit, mais ici j’ai trouvé que chacun pouvait facilement imaginer sa version des faits donc cela ne m’a pas gêné.
En ce qui concerne les personnages, l’histoire est focus sur Skalde et sa mère qui ont d’ailleurs une relation très particulière. Avec quelques flash-back, on va découvrir comment elles en sont arrivées à vivre ici, et connaître les craintes d’Édith, la maman.
Je pense que d’ailleurs l’auteure a voulu plus miser sur les relations humaines que sur l’environnement, et que le contexte post-apocalyptique est juste une excuse pour créer un huis clos mère/fille.
J’ai eu beaucoup d’empathie pour Skalde qui rentre de plain-pied dans le club de mes héroïnes Galmeistérienne. Les autres personnages (en dehors d’Édith) sont assez peu développés, c’est peut-être le seul reproche que je ferais à cette histoire.
Les dents lait de Hélène Bukowski est un livre que j’ai beaucoup aimé et dans lequel il faut se laisser porter sans se poser de question.
Powered by Contextual Related Posts
Pour recevoir les nouvelles chroniques du blog et ne rien louper !
Les dents lait de Hélène Bukowski est publié dans la catégorie Lectures étrangères avec le(s) Thème(s) : Gallmeister