Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver
Rédigé le 7 octobre 2021 ~ Coup de coeur Inside !
Premières phrases du livre :
— J’ai l’intention de courir un marathon.
Dans une mauvaise sitcom, elle aurait recraché son café sur la table du petit déjeuner. Mais Serenata était quelqu’un de posé, alors, entre deux gorgées, elle glissa un « Quoi ? » sur un ton acerbe, mais poli.
— Tu m’as très bien entendu.
Dos à la cuisinière, Remington l’examina avec une assurance déconcertante.
— Je vise celui de Saratoga Springs en avril.
Elle avait l’impression, ce qui lui était rarement arrivé au cours de son mariage, de devoir mesurer ses paroles.
— Tu es sérieux ? Tu ne me fais pas marcher ?
Pourquoi ce titre
J’ai découvert Lionel Shriver avec « il faut qu’on parle de Kevin », un livre qui m’a énormément marqué. Depuis cette lecture, je m’étais dit qu’il fallait absolument que je lise d’autres titres de cette auteure, c’est chose faite aujourd’hui avec son tout nouveau roman. J’ai choisi « Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes « , car le thème me parle beaucoup, et j’étais curieuse de voir comment elle allait aborder la discipline.
Un matin, Remington annonce à Renata, son épouse, qu’il a décidé de courir un marathon.
Il n’a pas fait de sport depuis des lustres, mais il veut profiter de sa retraite anticipée pour s’y remettre. Renata, n’en crois pas ses oreilles, car des deux, c’est elle la sportive, du moins avant son problème aux genoux. Elle est persuadée que la nouvelle passion de son mari ne va pas durer, mais contre toute attente, Remington s’accroche. Mieux, Remington y prend goût. Il y consacre tout son temps, et beaucoup d’argent, il engage même Bambi, une très sexy et très autoritaire coach. Et quand Remington commence à envisager très sérieusement de participer à un Iron Man, Renata réalise que son mari, jadis débonnaire et volontiers empoté, a laissé place à un être arrogant et impitoyable. Face à cette fuite en avant sportive, leur couple résistera-t-il ?
« Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes » un livre que j’ai adoré ! Lionel Shriver nous propose de suivre un couple et leur famille, dans la découverte de la nouvelle passion sportive du mari. C’est drôle et cynique à souhait.
Suivre l’évolution de Remington est agréable, il galère, mais ne lâche rien, sa motivation fait plaisir à voir. À côté on suit la décrépitude de Renata qui à cause d’un genou douloureux ne peut plus faire de sport et en est très aigri.
Ce qui fait que ce livre est un délice, c’est que tous les personnages sont plausibles et excellemment bien campés ! Je me suis très fortement reconnu dans Remington son envie de se remettre sérieusement au sport en se surpassant ainsi que dans sa soif de dépense qui va avec ( je ne suis pas adepte de lycra violet, mais je pourrais rester des heures dans une boutique d’articles de sport ). Le personnage de la fille est aussi excellent, et que dire de Renata que j’ai cordialement détesté pendant les trois quarts de l’histoire, je l’ai trouvée très méchante vis-à-vis de son mari.
Avec ce livre, l’auteure nous propose une réflexion acerbe sur le couple vieillissant et la société du paraître.
Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes est une lecture addictive que je vous recommande fortement même si vous n’aimez pas le sport, car l’histoire va bien au-delà de cette thématique.
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Quatre heures, vingt-deux minutes et dix-huit secondes de Lionel Shriver est publié dans la catégorie Lectures d’Amérique du Nord avec le(s) Thème(s) : coup de coeur