À fleur d’eau de Rémi Huot
Rédigé le 19 août 2022
Premières phrases du livre :
Le jour se montre enfin. Tandis que la fragile lumière de l’aube filtre tout juste à travers la tente, la voix franche et pressée d’une sterne caugek, déjà en vol, me tombe dans l’oreille, par-dessus un vent inlassable. Son instinct profite du départ de la nuit pour l’orienter vers une région poissonneuse. Elle file du côté du levant, à grands coups d’ailes souples, aimantée par la poussée du soleil sous le trait cuivré de l’horizon marin.
Pourquoi ce livre :
J’ai adoré « Dans les forêts de l’ours » le premier titre de l’auteur, alors quand j’ai découvert que celui-ci allait sortir un nouveau récit qui d’autant plus allait ce dérouler sur mes terres, j’étais très impatiente de le découvrir, car je connais très bien la partie du périple qu’il va effectuer (le sentier côtier de Saint Malo à Ouessant) pour l’avoir en très grande partie parcouru aussi.
Parti à pied de Saint-Malo pour rallier l’île d’Ouessant, Rémi Huot se lance à la poursuite de l’ouest durant huit cents kilomètres de littoral armoricain. Emporté par ce besoin confus de composer avec la mer, il dit le passage des caps et la traversée des estrans, le défilement des rivages et l’enchaînement de ses nuits à la belle étoile, toutes tournées vers le grand large. Du cap Fréhel à la pointe de Pern, il explore jusqu’au bout le dur du granit et le néant des falaises ; de la baie de Saint-Brieuc à la mer d’Iroise, il se laisse traverser par la constance de l’automne et le ressac de l’océan. Dans les embruns d’octobre, l’auteur se place à l’affût des pluies et des éclaircies, et son regard à fleur d’eau se tient prêt à saisir la moindre tonalité sauvage que sa marche solitaire au nord de la Bretagne donne à voir.
Avec « À fleur d’eau », Rémi Huot nous propose une parenthèse iodée. Une marche rythmée par les lieux de bivouac et les aléas climatiques. Il faut dire que l’auteur, impatient de découvrir les sentiers bretons, n’a pas voulu attendre la belle saison et s’est lancé dans son périple en automne, c’était clairement risqué 🙂
Une marche dénudée de confort, où l’attention se porte sur les ressenties et sur la faune. Plus particulièrement les oiseaux croisés en chemin, ce qui est normal pour un naturaliste me direz vous.
À fleur d’eau est un récit tout doux, poétique et dans lequel il faut se laisser porter. La lenteur de la marche permet de s’imprégner du chemin et du climat. Pendant ma lecture, j’avais les images dans ma tête de paysages côtiers sous le crachin et la grisaille, cette odeur spécifique que j’adore, j’avais l’impression de le suivre.
Lire « À fleur d’eau » pendant ce très chaud été breton a été une vraie bouffée de fraîcheur. Par contre, il ne faut pas prendre ce petit livre comme un récit de randonnée, mais plus comme un éloge à la nature et aux oiseaux marins.
J’ai passé un très bon moment avec cette lecture, 800km parcourus tranquillement au sec dans mon jardin, sous la tonnelle. Il m’a juste manqué un peu des ressentis de l’auteur sur sa randonnée en elle-même pour que cette lecture se transforme en coup de cœur.
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À fleur d’eau de Rémi Huot est publié dans la catégorie Récits de voyages avec le(s) Thème(s) : Le mot et le reste