Solitudes australes de David Lefèvre


Rédigé le 6 novembre 2012

 Solitudes australes de David Lefevre
À l’ouest de l’île de Chiloé, au Chili, David Lefèvre se retire seul dans une cabane, entre lac et forêt. Son projet : vivre une existence frugale proche de l’autosubsistance et tisser avec le milieu naturel un lien de respect et de connivence. Au fil des mois et des saisons, la vie s’ancre dans ce lieu isolé. L’auteur décrit ses travaux quotidiens, ses escapades au c ur de la nature sauvage qui l’entoure et les réflexions qu’elle lui inspire. C’est aussi l’occasion pour David Lefèvre de s’interroger sur sa solitude, ses racines, son rapport au monde, la signification de l’engagement, le concept de pauvreté volontaire ou encore le besoin d’errance qui l’a poussé à parcourir le monde. Ce voyage immobile est autant un récit sensible tourné vers le dehors qu’une plongée intérieure.
Pourquoi ce livre ?
Je viens de terminer Solitudes australes de David Lefèvre. Ce livre je l’attendais avec une grande impatience depuis avril dernier, date à laquelle j’ai appris sa future existence.
C’est lors d’une rencontre à l’occasion de la sortie de son livre « Aux quatre vents de la Patagonie » que David Lefèvre m’a appris que ce livre était en préparation. Je me suis donc jetée sur le site de Transboréal, la maison d’édition, et là, j’ai eu un coup de foudre photographique pour la couverture de cet ouvrage. Je la trouve juste sublime.
Alors depuis, plusieurs fois par mois, j’allais surveiller la date de sortie. Puis un jour, ô malheur ! la couverture a changé ! Ô rage Ô désespoir ! Alors, ni une, ni deux, je leur envoie un mail pour dire tout mon chagrin de ce changement, et pour signaler aussi que je trouvais la nouvelle couverture en inadéquation avec le thème de la solitude australe puisque c’était, une photo de plusieurs maisons sur le lac avec un beau ciel bleu. Photo qui était aussi jolie, mais qui ne correspondait pas à l’idée de ce que je me faisais de la solitude.
Bref, je ne sais pas si j’y suis pour quelque chose, mais cette couverture est revenue par la suite pour mon plus grand bonheur.
Donc vous l’aurez compris, je pense qu’avant d’avoir aimé ce récit, je suis tombée amoureuse de l’objet. De plus, ce qui ne gâche rien au plaisir, ce livre comporte un carnet de 52 photos magnifiques. J’ai vraiment ressenti l’œil du photographe dans ces photos. Ce que je n’avais pas retrouvé dans les photos du carnet de son précédent livre. Ce qui est, somme toute assez logique, car si dans un voyage immobile on peut se permettre de prendre du bon matos, il est difficile de le faire quand on part en itinérance pendant 4 ans !
Note : 9.5/10
Mon avis :
Pendant 8 mois David Lefèvre, s’installe sur Chiloé, une île du Chili à peine plus grande que la Corse. Il choisit de séjourner sur le côté sauvage et indomptable de l’île, celui qui fait face au pacifique, sur les rives du Lac Huillinco à deux pas du Tepual, une forêt humide infranchissable, dans une cabane qui appartenait à un ami.
Cette cabane, à 10 km de l’océan, est dans un état de fort délabrement. Il s’y installe avec comme seul baguage  un équipement sommaire composé de quelques outils et une malle de livre.
« Je traversais un monde vierge ; je remontais le cours du temps. Ce bout de terre qui m’attendais semblait venir de loin. J’avais franchi la ligne de partage des mondes » p13

Le premier aménagement de la cabane fut une bibliothèque murale pour ranger sa nourriture de l’esprit.
David occupe ses journées à retaper sa cabane, à pêcher, à déblayer un espace pour accueillir le futur potager ; puis une fois ses corvées accomplies, il se pose et lit. De temps en temps, il parcourt à pied les 10 km qui le séparent de l’océan.

« mes premières promenades jusqu’à l’océan étaient tissées de minuscules rencontres. Je ne sais pas si c’était l’effet de mon isolement, mais à Cucao chacun à sa manière semblait vivre esseulé. Les habitants paraissaient se saluer de loin, se visiter peu. Je ne disais que les îles ont leurs propres codes et qu’il faudrait un temps pour que l’expérience m’enseigne les clefs particulières à celle-ci. Ainsi sont les insulaires » p38

David vie en communion avec la nature. Il « étudie » l’abondante faune et flore locale, aime écouter le vent, se contente du minimum.
 « De retour à l’intérieur de la cabane avec une brassée de fagot, je retrouve le plaisir d’allumer un feu , […]  Mon repas achevé, je reste là, seul, retranché dans un halo de paix » p43

Pour garder une trace de son expérience, il tient un carnet de chantier ou il dresse l’avancement de ses travaux.
 « A la bougie, j’aligne ensuite des remarques fraîches dans les pages de mon journal de bord. Les courants d’air, qui font tituber la flamme en permanence, dessinent des volutes de cire presque verticales le long des chandeliers, et mon ombre affolée danse sur le mur. J’écris pour ancrer les choses et ne pas oublier ce que j’ai vécu » p93

Pour seuls compagnons d’aventure David avait Rick Bass, John Haines, Henri Thoreau … et Léon, le chat vagabond qui a trouvé la cabane à son goût.
3 auteurs qui sont dans ma PAL depuis un moment, va falloir que moi aussi je parte sur Chiloé pour trouver le temps de les lire !
J’ai vraiment passé un magnifique moment en compagnie de ce livre, car l’écriture de David Lefèvre est toute en finesse, et d’une douceur absolue. Cet ouvrage ne fait que confirmer mon coup de cœur pour l’écriture de cet auteur qui est un aventurier philosophe.
Qui n’a pas rêvé de faire comme lui, de prendre le temps, de vivre de choses simples en harmonie avec la nature ?

Le résumé de ce livre m’a fait fortement penser à un autre livre : une cabane isolée, un homme seul avec des livres au fin fond de nulle part … Vous voyez de qui je veux parler, non ? Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, le livre que je n’ai pas réussi à finir malgré toute ma bonne volonté (non ! un mec qui dit avoir appris le Russe, ou je ne sais plus trop quoi, avec une mésange, moi j’ai un peu de mal !!)
Ce que je trouve vraiment dommage c’est que cette ode à la vodka ait reçu  tout ce tapage médiatique et que Solitudes Australes restera confidentiel ! Alors, Ô toi lecteur, fan de Nature-Writing (ou pas) qui a aimé Sylvain Tesson (ou pas), je t’en prie, cours vite te procurer de toute urgence ce magnifique Solitudes australes, Chronique de la cabane retrouvée.

Mon seul regret c’est que l’auteur nous laisse aux portes de l’hiver, moi l’amoureuse du Grand Nord je me suis sentie frustrée, mais pourquoi que 8 mois Mr Lefèvre !

Pour les fans de la collection « Petite philosophie du voyage » (elles se reconnaîtront) ce livre est comme un très bon cru des petites philosophies, mais en version maxi. Plaisir garanti.

Solitudes australes – Chronique de la cabane retrouvée – David Levèfre – Transboréal ( 4 octobre 2012) Collection Sillages – 240 pages – 18.90€ – Achetez Solitudes australes – Chronique de la cabane retrouvée

 

 

18 commentaires

  • keisha
    6 novembre 2012 à 18 h 24 min -

    Tous tes messages sont tombés dans le bonne oreille, surtout que justement en lisant ton billet je faisais le parallèle avec le livre de tesson (dont je parlerai un de ces jours;..). J’ai, évidemment, une forte envie de lire ce nouveau cru Transboreal (dont j’ignorais l’existence et l’auteur!)
    Tu peux lire Thoreau et Bass sans aller au bout du monde, tu sais. ^_^

    • Chinouk
      7 novembre 2012 à 10 h 55 min -

      Je suis curieuse d’avoir ton avis sur le S.T. Tu as vu mon billet sur le premier livre de David Lefèvre? Pour Thoreau et Bass, j’ai fortement envie de les lire dans un coin isolé. Peut-être la prochainement fois que j’irai sur Ouessant!

  • Minou
    6 novembre 2012 à 21 h 59 min -

    Message reçu ^^ J’ai prévu de lire un des ouvrages de Transboréal hors de la petite philosophie du voyage et de le choisir à la foire du livre de Bruxelles si l’éditeur y est à nouveau présent : je note celui-ci et verrai à ce moment-là si je le prends ou en choisis un autre pour cette fois.

    • Chinouk
      7 novembre 2012 à 10 h 56 min -

      Tu es sur de devoir n’en prendre qu’un seul ? 😉

  • Violette
    10 novembre 2012 à 12 h 54 min -

    ça a l’air très bien, en effet … et avec une telle note, on ne peut passer son chemin 😉

    • Chinouk
      11 novembre 2012 à 10 h 20 min -

      Ah non ! c’est interdit 🙂

  • Marilyne
    25 novembre 2012 à 12 h 11 min -

    Comment j’ai pu manquer ce billet, moi qui attendais ton avis justement !! Je l’ai feuilleté en librairie et je me souvenais que tu annonçais cette lecture, c’est malin, j’aurais pu craquer plus tôt… XD
    Ce livre médiatique dont tu parles, là, ben, celui-là, il m’a laissé froide aussi ( je sais, elle est facile ;-))

    • Chinouk
      25 novembre 2012 à 18 h 49 min -

      🙂 il m’a laissé de glace même je dirais 🙂

      Alors pour Solitudes Australes -> direction ta librairie d’urgence 🙂

  • Allie
    25 novembre 2012 à 14 h 00 min -

    Je ne connaissais pas, mais le sujet m’intéresse beaucoup, naturellement. La nature, la solitude et les réflexions sur la vie.

  • Flo
    5 décembre 2012 à 19 h 40 min -

    Je n’aurais pas parié dessus mais tu es très convaincante (et puis, je constate que nous avons les mêmes allergies « tessonesques » 😉 ). Ma biblio l’a noté « en cours de traitement » et dispo « prochainement » (comme un certain livre de Matthieu Raffard, ce qui ne me rend pas hyper-optimiste sur la date de sa dispo réelle mais bon, c’est noté dans ma LAL).
    Merci pour la découverte car, en effet, les médias ont tendance à mettre l’accent sur certains à et en oublier d’autres…

  • Dominique
    20 décembre 2012 à 9 h 40 min -

    Un livre que j’ai aimé qui m’a fait voyagé et rêvé
    je vais mettre un lien pointant chez vous dans mon billet

    • Chinouk
      29 décembre 2012 à 12 h 10 min -

      Merci Dominique, je vais en faire de même pour le tien car c’est un très bel article.

  • Marilyne
    23 décembre 2012 à 11 h 14 min -

    Lu, adoré, une beau voyage, je m’en vais poursuivre le périple en Patagonie avec David Lefèvre, une belle rencontre grâce à toi, merci 🙂

    • admin
      29 décembre 2012 à 12 h 09 min -

      Je suis contente que ce ai adoré ce livre. Ah la Patagonie, je te souhaite un bon périple en compagnie de David alors. Revient m’en dire des nouvelles 🙂

  • Mélanie
    7 janvier 2013 à 16 h 47 min -

    Ah, un grand merci pour vos commentaires sur ce livre! J’écoutais David Lefèvre parler à la radio (je crois que c’était la RSR1, à 13h, lundi 7 janvier 2013, si vous voulez le re-écouter) et j’ai voulu me renseigner un peu plus en-ligne pendant les pauses musicales (que GRAND dommage qu’ils n’ont pas joué la musique de Chiloé!!! mais des choses selon moi pas très pertinentes).

    Il a très longtemps, j’ai passé quelques jours à Cucao, et me suis perdue dans le Parc National de Chiloé à chercher un luthier artisanal très, très âgé, un personnage exceptionnel. C’était magique -mon guide était terrifié de ne pas trouver le chemin pendant des heures, mais moi, j’étais transportée par la nature incroyable, par cette végétations luxuriante, par les miraculeux fuchsias qui tombaient en cascade des plus hauts arbres, de partout.

    Alors, j’ai eu grand plaisir à écouter David Lefèvre à la radio, et je peux acheter son livre en toute confiance, puisque vous en conseillez la lecture. Je serai ravie de lire tout ce qu’il a à dire sur cette superbe région. MERCI!

    • Chinouk
      7 janvier 2013 à 16 h 52 min -

      Bonjour, Mélanie.
      Je vais de ce pas écouter l’émission. Depuis cette lecture je rêve de Chiloé 🙂 quelle chance vous avez eu. N’hésitez pas à venir me donner votre avis sur cette lecture.

  • Dhammapada
    29 avril 2015 à 0 h 05 min -

    Merci.
    Je vais très prochainement entreprendre la lecture de Solitudes australes. Besoin d’air et d’isolement. …

    • Chinouk
      8 mai 2015 à 10 h 19 min -

      Le livre idéal alors… N »hesitez pas à vous tourner aussi vers le premier livre de l’auteur : aux 4 vents de la patagonie, bol d’air et superbe lecture assuré !

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