L’avortement de Richard Brautigan
Rédigé le 9 octobre 2017
Premières phrases du livre :
C’est une belle bibliothèque, parfaite de tempo, luxuriante et américaine. À l’horloge, il est minuit et la bibliothèque, profonde, est emportée, comme un enfant qui rêve, jusque dans l’obscurité de ces pages. Bien que la bibliothèque soit « fermée », je n’ai pas besoin de rentrer chez moi parce que chez moi, c’est ici et cela depuis des années. D’ailleurs, il faut que j’y sois en permanence ; cela fait partie de mon travail.
Pourquoi ce livre
J’ai eu un énorme coup de foudre littéraire avec le premier livre que j’ai lu de l’auteur (Mémoires sauvés du vent), un tel coup de cœur que j’ai toujours appréhendé de me lancer dans un autre écrit de Brautigan, de peur d’être déçue. Je venais de découvrir un immense poète. Les autres titres me tentant beaucoup, me voilà tout de même décidée à en sortir un de ma PàL. J’avais dans mes prévisions de lire pour cet été « La Pêche à la truite en Amérique », mais en me promenant dans une nouvelle librairie je suis tombée sur cette très belle édition de « L’Avortement : une histoire romanesque en 1966 » dans la très jolie édition Points Signatures. J’ai donc jeté mon dévolu sur celui-ci, non sans quelques appréhensions tout de même.
L’Avortement, c’est l’histoire d’une bibliothèque – mais pas n’importe laquelle. Une bibliothèque qui ne contient que des livres non publiés, ouverte à tous et à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Une bibliothèque où l’on dépose des manuscrits mais où l’on n’en emprunte pas.
Le bibliothécaire, c’est le narrateur, il vit 24h/24 sur les lieux sans sortir de son antre, pour être toujours prêt à réceptionner un livre et à l’ajouter méticuleusement dans « le grand registre des auteurs matières de la bibliothèque ».
Un jour, une très belle femme, Vida, vient déposer un ouvrage sur son corps qu’elle a tout juste fini d’écrire. Petit à petit ces deux personnages vont tomber amoureux et être obligés d’avoir recours à un avortement. Pour cela ils devront se rendre au Mexique, l’avortement n’étant pas légal en Amérique en 1966.
« Nous allons avoir un avortement. »
L’Avortement, c’est un joli compte des temps modernes, plein de poésie, et deux personnages touchants dans leur maladresse.
Voilà un petit livre assez original, avec une construction dynamique et des chapitres très courts, dans le style particulier de l’auteur.
Même si j’ai trouvé l’Avortement moins fort que « Mémoires sauvés du vent » (mais aucun ne l’égalera) c’est tout de même un joli ouvrage que j’ai pris plaisir à lire.
Cette bibliothèque est tellement originale que le livre de Richard Brautigan a donné naissance a une bibliothèque réelle, en hommage à son œuvre. La bibliothèque Brautigan n’accueille que des manuscrits non publiés. Initialement créée dans le Vermont, elle est actuellement à Vancouver, Washington, États-Unis.
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L’avortement de Richard Brautigan est publié dans la catégorie Lectures d’Amérique du Nord avec le(s)
Du coup, je suis encore plus impatient de le lire. Mais c’est aussi ça qui est bon. Savoir que ce Brautigan m’attend et que Brautigan attendra ma bouteille de bourbon réservé à cette lecture. Parce qu’un Brautigan, même moins fort, reste quand même un Brautigan !
il est moins fort car pour moi, » memoires sauves du vent » est hors catégorie 🙂 mais cet « Avortement » est tout de même très bien écrit 🙂 hâte d avoir ton avis
Tu piques ma curiosité. Et dire que moi, fan de littérature américaine, je n’ai encore jamais lu Brautigan. Je serais tentée de tenter le coup avec «Mémoires sauvés du vent». Par ailleurs, l’idée de cette bibliothèque est géniale!
Je te le recommande à 1000% ! Après il a une écriture assez poétique, vu que tu as eu du mal avec Wallace stegner je ne sais pas s’il te plaira. Mais comme « Memoires sauvés du vent » est un tout petit livre, tu ne risques pas grand chose
🙂
J’ai adoré ce livre pour sa poésie fantasque et sa chute parfaite de brutalité sui vient nous interpeler avec une grande actualité. Une histoire d’amour qui rafraîchit rt nous renvoie à nos jeunesse. Comme toujours chez Braitigan un humour douloureux sur le fil. A lire aussi un privé à Babylone, très fou, très drôle.
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