Contre-histoire des Etats-Unis de Roxanne Dunbar-Ortiz
Rédigé le 13 septembre 2018
Premières phrases
Sous l’écorce de cette portion de Terre qu’on nomme les États-Unis d’Amérique, « de la Californie […] aux eaux de Gulf Stream », sont ensevelis les ossements , villages, champs et objets sacrés des Indiens d’Amérique. Il faut qu’ils fassent entendre leurs histoires, qui racontent la façon dont ce pays a été créé et dont il est devenu ce qu’il est aujourd’hui.
Pourquoi ce livre
Pour rester dans la continuité de ma dernière lecture (le dernier des Mohicans ), parce que l’histoire des États-Unis me passionne et que j’étais curieuse de lire un ouvrage traitant de celle-ci, vue du coté des peuples qui ont subi l’invasion des colons.
L’historienne et militante Roxanne Dunbar-Ortiz offre une histoire des États-Unis racontée pour la première fois du point de vue des peuples indigènes et révèle comment les Amérindiens, pendant des siècles, ont activement résisté à l’expansion de l’Empire étasunien sur leur terre.
Cet essai est tout simplement passionnant ! Complet et très bien documenté (et là, je pleure de ne pas pouvoir lire correctement l’anglais).
Il se lit très facilement, car l’auteure a un style d’écriture très fluide. La construction de l’ouvrage est agréable car découpé en plusieurs chapitres et petits sous-chapitres.
Ce livre est tout simplement la preuve, si tant est qu’on ait besoin de preuve, d’un génocide abominable !
P65 -66 « L’Amérique du Nord n’était pas une contrée vierge et sauvage en 1492. C’était un réseau de nations indigènes : le peuple du maïs. […] Il y avait là des civilisations fondées sur une agriculture raffinée avec des organisations politiques complexes. »
Extermination de peuples entiers, déportations, rien ne sera épargné aux peuples indigènes qui vivaient là tranquilles avant l’arrivée destructrice des premiers colons.
P137 « Les États-Unis ne firent rien pour stopper le flot de colons sur les terres Cherokee en violation du traité. »
On pourrait croire cette époque révolue et pourtant non, les Américains ont cela dans les veines et toute terre ennemie est d’ailleurs appelée encore maintenant « Pays Indiens».
P248 « Sept ans après l’élection de Kennedy, les soldats américains décrivaient le Vietnam sous le terme de «pays indiens» et appelaient « cow-boy et Indiens» les missions de recherche et destruction. L’Ambassadeur de Kennedy au Vietnam justifia une escalade militaire massive en disant qu’il fallait éloigner les « Indiens» du « fort» pour que les «colons» puissent planter leur «maïs»
L’auteure nous parle aussi des autres peuples qui ont été colonisés par les Américains.
Dans les années 1970, les mentalités commencent doucement à évoluer . Certains peuples réussissent à obtenir la restitution de leur terre sacrée.
Certains combats sont intenses, comme l’occupation pendant 18 mois de l’île d’Alcatraz par plusieurs tribus indiennes.
P253 « Nous, Américains indigènes, reprenons possession au nom de tous les Indiens d’Amérique et par droit de découverte de la terre connue sous le nom d’île d’Alcatraz. Souhaitant être justes et honorables dans nos rapports avec les habitants blancs de cette terre, nous leur offrons le traité suivant : Nous achèterons l’île d’Alcatraz pour 24 dollars de perles de verre et de tissu rouge, un précédent fixé par l’achat d’une île similaire par l’homme blanc il y a quelque 300 ans.»
Ou encore, les Sioux Lakota qui veulent récupérer les «Paha Sapa» (les Black Hills) où les odieuses sculptures du mont Rushmore défigurent leur terre sacrée. Ils refuseront une somme astronomique que le gouvernement leur a proposé en compensation (en 1980, ils avaient plus de 1 milliard de dollars placés sur un compte). Les Sioux Lakota, pourtant un des peuples les plus pauvres, ne veulent pas de cet argent, ils veulent seulement récupérer leur terre sacrée .
Ceci n’est qu’un exemple parmi les nombreux faits que l’auteure évoque.
J’ai ainsi appris énormément de choses avec cet ouvrage, j’y ai aussi retrouvé, bien évidemment, des fait et personnage connus. L’auteure parle aussi de la colonisation vue par les écrivains avec un paragraphe consacré à l’œuvre de James Fenimore Cooper.
Contre Histoire des États-Unis de Roxanne Dunbar-Ortiz est un livre très intéressant, passionnant, surprenant. Un indispensable qui doit absolument figurer dans votre bibliothèque si vous vous intéressez un tant soit peu à l’Amérique et aux Natives américains.
J’ai noté beaucoup (tous ? ) des ouvrages cités, je vais voir si certains ont été traduits en français. De passionnantes heures de lecture en perspective. Le titre original de ce livre, A People’s History of the United States, fait d’ailleurs référence à l’ouvrage de Howard Zinn, une histoire populaire des États-Unis, que je vais me procurer rapidement.
Je découvre, avec cet essai, la petite maison d’édition Marseille Wildproject qui possède un catalogue que l’on penserait édité pour moi N’hésitez pas à aller y jeter un œil.
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oh cela semble vraiment bien interessant….bien que quand meme ce n’etait pas aussi calme avant l’arrivee des colons…mais bon cela n’est rien a cote du genocide des colons….
Merci pour cette découverte
Je confirme , c’est un livre à lire si on veut comprendre comment l’ arrivée des Européens s’est effectuée dans cet immense pays! C’est bien d’avoir le point de vue des premiers concernés -les Native Americans! On comprends mieux la construction du pays!
Merci de ton avis.