Désert solitaire de Edward Abbey
Rédigé le 22 décembre 2021
Premières phrases du livre :
Il y a environ dix ans, j’ai travaillé comme ranger saisonnier dans un parc appelé Arches National Monument, près de la petite ville de Moab, dans le sud-est de l’Utah. La raison pour laquelle je l’ai fait n’a plus aucune importance. Ce que j’y ai vu, en revanche, forme le sujet de ce livre.
Mon travail commença le 1er avril et s’acheva au dernier jour de septembre. Il me plut, le pays des canyons me plut, et je décidai donc de rempiler la saison suivante. J’y serais volontiers retourné pour une troisième saison, puis pour toutes les saisons suivantes, mais malheureusement pour moi, le parc des Arches, qui était un lieu primitif lorsque j’y mis la première fois les pieds, fut si bien aménagé et amélioré que je dus partir.
Pourquoi ce livre :
« Désert solitaire » est un classique de la littérature des grands espaces, c’est un titre que j’ai depuis de nombreuses années dans ma pal. Mais voilà, j’ai tenté plusieurs fois sa lecture, et plusieurs fois il m’est tombé des mains, je le trouvais tellement soporifique que je me suis demandé pourquoi tant de gens l’adulaient. Plusieurs années plus tard, sort en totem chez Gallmeister «un feu sur la montagne» du même auteur, la couverture est sublime alors je me dis qu’au pire, si comme « Désert solitaire » je m’aime pas au moins le totem fera joli dans ma bibliothèque. Et bien, laissez-moi vous dire que ce titre, à ma plus grande surprise, a été une révélation, un immense coup de cœur même ! J’ai donc enchaîné avec « En descendant la rivière » et la bim ! Autre coup de cœur. J’en suis venue à comprendre que mon problème avec ‘Désert solitaire’ venait tout simplement de sa traduction vieillotte ! Après quelque temps d’appréhension tout de même me voilà enfin lancé dans la lecture de ce classique.
Ce livre, l’un des plus beaux inspirés par le désert américain, est un chant d’amour à la sauvagerie du monde. C’est aussi un terrible coup de colère : après avoir connu la vie solitaire dans un coin perdu de l’Utah, l’auteur revient dix ans plus tard pour découvrir que, là aussi, le ‘progrès’ est passé.
Avec ‘Désert solitaire’, Edward Abbey nous partage deux saisons de son travail saisonnier de ranger dans le parc national des Arches, situé en plein cœur du désert de l’Utah.
Il nous partage ses rencontres – et ses prises de position – avec ses collègues rangers, avec des cow-boys travaillant non loin, avec des touristes (qui en prennent souvent pour leur grade), avec des animaux comme le très mystérieux cheval à l’œil de lune. Il nous emmène avec lui lors de ses randonnées à la découverte de canyons cachés, parfois au péril de sa vie. Il nous initie aussi aux joies simples d’une nuitée au clair de lune ou d’une tasse de café matinale prise face au désert.
Dans ce livre découpé en chronique, il nous parle tantôt de ses rencontres, tantôt de ses coups de gueule, ainsi que de la beauté du lieu, de la nature sauvage, du silence et de la solitude du désert. Mais il nous parle surtout de la magnificence de ce parc national, encore peu connu, mais en passe d’attirer le tourisme de masse à cause d’un projet de route goudronnée qui mènera aux principaux points d’intérêt du parc.
J’ai beaucoup aimé ce livre que j’ai dégusté petit à petit au rythme de ses chroniques, c’était mon petit plaisir calme du matin. L’écriture de l’auteur (ou du moins, pour le coup, la traduction de Jacques Mailhos) est vraiment sublime et très accessible.
P17
La plupart des choses dont je parle ici ont déjà disparu ou sont en train de disparaître rapidement. Ce livre n’est pas un guide de voyage ; c’est une élégie. Un tombeau. Ce que vous tenez entre les mains est une stèle. Une foutue dalle de roc. Ne vous la faites pas tomber sur les pieds ; lancez-la contre quelque chose de grand, fait de verre et d’acier. Qu’avez-vous à perdre ?
J’ai noté quelques petites incohérences d’idées vers la fin qui m’ont un peu fait tiquer :
– L’auteur est contre les touristes qui viendraient dans le parc en voiture or lui descend dans un canyon caché en 4*4.
– À la fin de sa période de travail, il veut rentrer chez lui en avion (paye ta cohérence écologique) alors qu’il a la possibilité de le faire en train (finalement, il repartirait en train, car il a loupé son avion).
Edward Abbey est un peu extrémiste dans ses idées, mais cela fait parti du ‘personnage’ et cela ne me dérange pas plus que cela même si je n’ai pas lu avec autant d’intérêt les chroniques parlant de politique (elles ne sont vraiment pas nombreuses donc ça va).
Désert solitaire, dans cette traduction, est un sublime hommage à la nature sauvage et au grand espace. Je suis tellement contente d’avoir enfin découvert ce livre et surtout de l’avoir apprécié. À présent, je me fais une joie de retrouver l’auteur avec son fameux « Gang de la clef à molette ».
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Désert solitaire de Edward Abbey est publié dans la catégorie Lectures d’Amérique du Nord avec le(s) Thème(s) : Gallmeister
J’adore les justifications! C’est tellement mon genre aussi de me dire « oh, ça va être joli sur telle ou telle étagère! »!
hi hi 🙂
Il te reste à en découvrir plein, alors! désert solitaire est un bon cru;
Il me reste le Gand et son retour, ainsi que seuls sont les indomptés qu’il me tarde de voir sortir en poche :=