Friday Black de Nana Kwame Adjei-Brenyah
Rédigé le 18 février 2021 ~ Coup de coeur Inside !
Premières phrases du livre
Fela, la fille sans tête, s’approcha d’Emmanuel. Le cou déchiqueté avec une sauvagerie sanguinaire. Elle ne faisait pas de bruit, mais il sentait qu’elle attendait qu’il fasse quelque chose, n’importe quoi. Puis son téléphone sonna, et il se réveilla.
Il prit une grande inspiration et fit descendre le Degré de Noirceur de sa voix à 1,5 sur une échelle de 10.
Pourquoi ce livre
En général, je ne suis pas adepte de nouvelles (quoique les éditions Albin Michel commencent à me faire mentir cf. le magnifique « La Chance vous sourit de Adam Johnson »). Mais ici dans « Friday Black », la quatrième de couverture m’a fortement intriguée, car même si je n’en lis que très rarement, j’aime beaucoup les dystopies.
Colson Whitehead à dit de Friday Black : « Une formidable nouvelle voix, qui mêle la vérité de la dystopie à une empathie sans limite »
donc moi je fonce !
Dans ce recueil de 12 nouvelles, Nana Kwame Adjei-Brenyah nous propose des textes qui entremêlent dystopie, satire et fantastique où il met en exergue, avec une effarante lucidité, la violence et la déshumanisation de notre monde.
Qu’il mette en scène le procès d’un Blanc accusé du meurtre effroyable de cinq enfants noirs (et qui sera acquitté), le parcours d’un jeune qui tente de faire diminuer son « degré de noirceur » pour décrocher un emploi, le quotidien d’un vendeur de centre commercial confronté à des clients devenus zombies, ou celui des employés d’un parc d’attractions faisant du racisme ordinaire une source de divertissement, l’auteur le fait avec une maîtrise et une maturité stupéfiantes.
Dès le premier texte, on est happé par les mots de l’auteur. Il nous interpelle, nous met K.O avec son histoire de procès, mais ce n’est rien comparé à ce qui nous attend par la suite !
« Zimmer Land », ce parc d’attractions où tuer des noirs est divertissant. « Friday Black », qui met en exergue la société consumériste, est tellement réaliste qu’elle en est effrayante. « Lark Street », où il est question d’avortement, est touchante et noire à la fois. « Après l’Éclair », où il est question de l’après-guerre nucléaire, est captivante. « L’ère », où il est normal de prendre du « Bien », donne à réfléchir. « Cracheuse de lumière », dans laquelle un étudiant en tue une autre, juste comme ça, et où ils se retrouvent tous les deux dans l’au-delà.
Toutes ces nouvelles sont passionnantes et dures, je ne les ai pas lues à la suite, car il me fallait un temps pour « redescendre » de ce que je venais de lire.
Mais ce qui est sûr c’est que toutes celles citées plus haut auraient mérité d’être des romans à part entière que j’aurais lu avec un immense plaisir tellement elles m’ont captivée.
Aucune de ces 12 nouvelles ne laisse indifférente, toutes sont extrêmement bien écrites, réalistes, noires, violentes, puissantes, dérangeantes. À chaque début de nouvelle, je me demandais à quelle sauce on allait être mangé !
L’écriture de Nana Kwame Adjei-Brenyah est inventive, fluide, captivante. J’ai vraiment hâte de découvrir l’auteur dans un roman, car il a frappé très fort avec son premier recueil, et une chose est sûre, c’est que Nana Kwame Adjei-Brenyah est un auteur à suivre absolument.
Alors si vous voulez est chamboulé : lisez Friday Black !
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Friday Black de Nana Kwame Adjei-Brenyah est publié dans la catégorie Lectures d’Amérique du Nord avec le(s) Thème(s) : coup de coeur