Sous les ponts de Memphis de Philippe Sauve
Rédigé le 8 juin 2012
Quatrième de couverture :
Un tour du monde en deux années et vingt-cinq mille kilomètres à pied. A dix-huit ans, Philippe SAUVE, solitaire, triomphe de sa solitude alors que, des Etats-Unis au Canada, des Indiens Sioux aux S.D.F. du Mississippi, il s’initie à une nature inhospitalière qu’il apprivoise avec acharnement.
De retour en France, il essaie de reprendre pied, il se fuit et se retrouve. Il publie : La Marche de Vie où il narre son singulier périple. Le hante le désir de repartir et la frénésie de l’écriture, dont son premier livre lui a donné le goût.
Avec : Sous les Ponts de Memphis, il fait ses vrais débuts dans la fiction, tout englué qu’il est encore dans la nostalgie d’une équipée qui lui colle toujours à la peau.
Et il écrit à la fois la dernière quête d’un vieil S.D.F. à Memphis, ses révoltes, ses espoirs d’un avenir enfin lavé, dans la nostalgie d’une mère absente, ensuite dans son envie de changer le monde, sinon de lui faire retrouver le visage de l’authenticité. Et là, parfois le récit devient autobiographique. Sans la vulnérabilité, l’émotion et la révolte n’auraient pas de sens.
Sous les ponts de Memphis inaugure la collection Noir sur Blanc. Et l’inaugure bien. Quant à moi, ce texte m’aura permis de découvrir un auteur neuf dont j’attends beaucoup et la possibilité de me retrouver à son âge, dans la certitude et les angoisses, aussi, du A nous deux, la vie ! de mes vingt ans.
Un débutant dans la littérature avec, gominée, l’inexpérience des débutants et une sûreté d’écriture que beaucoup de jeunes auteurs devraient lui envier.
Maurice Périsset
Premier paragraphe:
Une mélodie allemande transcende les murs d’une maison de la banlieue de Memphis : Un asile de nuit sans lune, pour personnes âgées sans tune. La musique c’est : « Les mots de la fin » de Jurgen Knieper qui déploie les ailes d’un désir sombre et farouche. Désir opaque, tendu, ténu, celui de la mort sollicitée, provoquée, salvatrice qui, sournoise, s’infiltre dans le cœur d’un vieux endormi. Knieper créé une musique joyeusement triste qui, comme les plaintes du groupe « Dead can Dance » provoque une affection soudaine pour tout ce qui est misérable et c’est dans le sommeil que le vieil homme oublié, aux os rouillés, ressent une sorte de « perdition-délivrance »
Pourquoi ce livre ?
Je viens de découvrir l’auteur avec son récit : Errance amérindienne. J’ai tellement aimé son style que je souhaitais découvrir d’autre écrit de celui-ci, c’est choses faites, avec cette fois-ci son premier roman.
Note : 9/10
Mon avis :
Ce petit livre de 80 pages est une pure merveille. Il s’agit du premier roman ( nouvelle ?) écrit par Philippe Sauve, et l’on y retrouve un personnage clé d’Errance Amérindienne William Harper, un sans-abri qui a vécu à Memphis. On sent que Philippe s’est inspiré de ce qu’il a vécu pendant sa traversée des États-Unis, car on y retrouve aussi une autre rencontre : un gars plus que louche qui voit la vierge apparaître sur son mur.
Le style est incroyablement riche et très bien écrit. Même si, en général, je ne suis pas très fan de l’écriture à la troisième personne, cette fois-ci je l’ai trouvé appropriée, comme si quelqu’un de « supérieur » surveillait William et nous racontait.
Moi qui en général n’accroche absolument pas au roman cours, Philippe Sauve m’a emmenée avec lui à Memphis.
Hélas, ce petite livre n’est plus édité, mais on arrive encore à le trouver d’occasion pas trop cher.
J’ai encore deux livres de cet auteur dans ma pal, j’ai hâte de me plonger dedans.
Extraits :
«Il a traversé sa destinée sur terre, d’un point lumineux qui lui a fait découvrir la vie : sa naissance, vers ce point obscur qu’il aperçoit plus intense chaque jour : sa mort prochaine » p11
« Plus au Nord, il y a ma perte, le froid, le blizzard et les loups. Dans ma perte, il y a ma mort, le repos, le hasard et le flou… » p36
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